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Ma résilience 

 

Traumatisme et résilience   par François Beltra

 

J’ai quitté l’Algérie et mon village natal, Mers-el-Kébir, à l’âge de 10 ans.

Au cours des dernières années au village, j’ai été témoin d’évènements dramatiques particulièrement traumatisants pour un enfant jeune mais déjà conscient.

Notre maison, situé un peu en hauteur donnait sur la rue principale et, par nos fenêtres et balcons j’ai assisté à des fusillades et des assassinats. Des morts par balle que l’on pouvait voir au sol avec des plaies béantes à la tête.

Un fourgon venait tous les jeudis, jour sans école à l’époque, dans la rue du stade où nous habitions pour proposer ses marchandises alimentaires au gens du quartier. Ma mère et nous, ses enfants, avons discuté en milieu de matinée avec une de nos voisines qui était venu avec sa fille Sylvette 5 ans et son fils André 4 ans faire ses courses.

En rentrant chez elle, elle a été sauvagement assassinée dans sa maison et des photos horribles et terrifiantes ont circulé. Les adultes tentaient de les dissimuler mais je les avais vu quand même.

Le jour de l’indépendance, j’ai vu pour la première et seule fois de ma vie mon père pleurer et se rouler au sol en voyant le défilé des « arabes » avec leurs drapeaux vert et blanc accompagnés des youyous de joie.

Mais ce qui m’a le plus frappé car ma famille était directement touchée, c’est qu’un dimanche soir de juillet 1962, en rentrant de promenade, nous avons trouvé un petit mot très menaçant qui disait que nous devions quitter le village avant la fin du mois.

Mon père n’a pas hésité, il a fabriqué une grande caisse en bois, on disait un cadre à ce moment, et y a mis quelques affaires à sauver. Pas de place pour les jouets que mon père a préféré détruire et jeter à la mer après le Rocher de la Vieille.

Le 5 août un ami musulman de la famille nous a conduits au port d’Oran pour embarquer vers la métropole.

A notre arrivée à Marseille, la mère patrie n’a pas été reconnaissante de la participation à la guerre de 14-18 de mes deux grands pères. Un d’entre eux a été décoré de 9 médailles dont la légion d’honneur. Il est revenu du front mutilé.

Pas plus reconnaissante pour la participation à la guerre de 39-45 de mon père qui a fait le débarquement de Provence et a failli périr brulé sur une base aérienne où il séjournait pendant le conflit.

L’accueil en métropole a été particulièrement désastreux. Nous avons été hébergés chez une tante qui avait une épicerie à Marseille, mais elle disait à ses clients que nous étions de la famille de Grenoble. Nous devions éviter de parler avec notre accent devant les clients car cela les aurait fait fuir.

Pour soulager ma tante, nous avons quitté l’épicerie et vivions à trois familles, 7 adultes et 10 enfants dans un petit T2. Le soir c’était l’étalage au sol des matelas qui étaient debout contre les murs dans la journée.

Dans la première école que j’ai fréquentée, on ne voulait pas jouer avec moi car on me traitait d’arabe.

A cette époque nous n’avons pas eu de psychologues pour surmonter les traumatismes. A l’inverse certains souhait nous rejeter à la mer ou bien que nous allions nous réadapter ailleurs.

Alors j’ai pris inconsciemment une gomme virtuelle et j’ai effacé tout cela de ma mémoire.

Mon père lui parlait beaucoup du pays perdu mais je n’écoutais que d’une oreille car cela m’irritait parfois.

Ce n’est qu’à sa mort en 1997 que j’ai repris conscience de mon appartenance à cette histoire de l’Algérie Française.

J’ai repris alors quelques feuilles manuscrites qu’il m’avait laissées et qu’il tenait d’un oncle. Elles décrivaient succinctement notre famille pour les deux dernières générations. J’ai eu alors envie de rendre hommage à mes ancêtres et j’ai commencé des recherches généalogiques.

C’est le début d’une aventure personnelle débutée aux Archives Nationales d’Outre-Mer (Anom). Leurs fichiers n’étaient pas encore sur Internet et donc je m’y rendais très régulièrement pour relever les actes de naissance, de mariage et de décès de mes ancêtres. C’était assez fastidieux car il fallait charger des bobines sur de vieilles machines pour les dérouler et rechercher les actes qui me concernaient.

Ces travaux m’ont fait réaliser que les familles du village étaient beaucoup liées et imbriquées. Alors j’ai débuté, sans en avoir conscience, un chantier titanesque, j’ai imprimé l’intégralité des recensements de Mers-el-Kébir pour 1906 et 1911.

Ensuite, je me suis équipé d’un logiciel professionnel de généalogie et j’ai tout saisi.

Puis, au moment où Internet prenait son essor, j’ai récupéré quelques photos de mon village et j’ai créé un petit site dans une structure offerte par mon fournisseur d’accès Internet. Cela m’a occasionné quelques contacts de Kébiriens. Ceux-ci avaient tous des photos et des documents qu’ils souhaitaient rendre visibles pour la communauté.

Alors je suis passé au stade supérieur et j’ai créé mon site actuel (www.merselkebir.org ). Celui-ci est devenu une immense auberge espagnole et s’y accumulent tellement de choses que je m’y perds moi-même.

Parmi les centaines de personnes qui m’ont contactées, un jour il y eu Kader. Celui-ci résidait toujours au village. Nous nous sommes enrichis mutuellement de la vie d’avant 1962 au village. Puis il m’a proposé avec insistance de faire le voyage retour vers mon village natal. J’y suis retourné deux fois, en février 2005 puis au printemps 2007.

Ces voyages m’ont permis de remettre dans ma mémoire une grande partie de ce que j’avais inconsciemment enfoui.

Cela a déclenché aussi un rassemblement d’archives et d’anecdotes qui ont vite rejoint mon site. En parallèle j’ai lancé un forum de discussion entre Kébiriens.

Ce groupe de discussion a été le lieu de retrouvailles et de rencontre entre des gens de la même famille, des voisins, des amis que le destin avait éparpillés aux quatre coins de l’hexagone et même du globe.

Poursuivant sans relâche mon arbre généalogique du village, j’ai accumulé plus de 12000 personnes ayant un lien direct avec Mers-el-Kébir. Mais je ne me suis pas arrêté là car j’ai recherché aussi leurs ancêtres, qu’ils soient Espagnols, Italiens, Métropolitains ou autres.

Cette boulimie m’a conduit à relever de très nombreuses familles de la ville d’origine de mes ancêtres paternels, Novelda en Espagne (36000 personnes) et mes ancêtres Italiens du côté maternel. J’y rassemble aussi de très nombreuses personnes (plus de 20000) qui portent mon patronyme.

 

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Le 18 novembre dernier se sont tenues des rencontres au CDHA (Centre de Documentation Historique sur l'Algérie) sur le thème "entre traumatisme et résilience".
Voici les liens vers les interventions du matin et de l'après midi.

 

Matin
https://www.youtube.com/watch?v=wpOQlAAQLWw&t=11802s


Après-midi

https://www.youtube.com/watch?v=eH5_3DaVbkw&t=6942s

 

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Groupe de discussion et d'information   

 

Un nouveau groupe a été créé pour constituer un lien entre les Kébiriens ainsi que nos amis d'Oranie.

C'est un lieu d'échanges de souvenirs, de photos, de généalogies.

C'est également un moyen d'avoir des informations sur les activités des Kébiriens,

et en particulier de l'Association Saint-Michel.

C'est aussi la diffusion des nouvelles, bonnes ou mauvaises, comme les décès de la communauté.

 

Ce groupe est réservé aux Kébiriens pieds-noirs et aux sympathisants.

Pour y entrer il faut me contacter par mail et se présenter

Merci

 

pour me contacter cliquez ci-dessous

François Beltra